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80ème anniversaire de la victoire de Bir-Hakeim, Libye, 27 mai-11 juin 1942 – Episode 5/10

Par Guy Crissin

VERS BIR HAKEIM (suite).


Le général Rommel à la manœuvre du secteur sud de la ligne défense britannique.


Le 15 février, la 1ère Brigade légère française reçoit l’ordre de relever la 150ème brigade de la 50ème division britannique stationnée à Bir Hakeim. Ritchie a réorganisé son dispositif ; la 50ème division file vers Alem Hamza pour participer à la fermeture de la route Tmimi-Tobrouk. Le flanqueur de gauche de la VIIIe armée, le général Norrie, couvre le sud de la zone de défense, jusqu’à Bir-Hakeim. C’est là sur ce puits désaffecté des confins que Koenig part en reconnaissance avec la capitaine Mallet son interprète bilingue.


Pivot du grand dispositif en barrage qui s’étend jusqu’à la mer, le point est stratégique : une fois fortifié, il pourrait contraindre Rommel à évoluer vers les sols impraticables dans le cas où il voudrait déborder la position française, mais aussi ralentir son avancée, s’il choisissait le combat.


Par anticipation, l’état-major d’Auchinleck avait aussi arrêté le choix du « Puits du Sage » (Bir Hakeim) pour qu’il soit le point de départ de sa prochaine offensive générale contre l’Axe qui commencerait alors par un mouvement débordant remontant du sud.
Le site est désolé, marqué par un carrefour de pistes carrossables. Le terrain est découvert à perte de vue avec des ondulations et des replis sableux. La position est bornée au nord-ouest, par deux petites éminences (côte 186) qui ont tôt fait d’être baptisées « les mamelles ». Il y avait là d’anciennes citernes à eau, abandonnées et recouvertes de sable ; à l’autre extrémité, s’éparpillent des vestiges d’un fort en dur. L’environnement est pierreux, piqué de touffes clairsemées d’herbe maigre à chameaux. Le voisin le plus proche, est le général britannique Haydon posté avec sa brigade à 30 km au nord. Le pays plat qui s’étend loin vers l’ouest s’anime à la cadence des patrouilles lointaines, les « Jock-columns », patrouilles motorisées du nom de leur créateur Jock Campbell.
Avant de s’en aller les hommes de la 150e avaient matérialisé l’espace de défense de leur camp retranché par des mines sur une ceinture d’environ 18 Km de périmètre où le centre vide devait contenir leur dispositif.
Dès leur arrivée Larminat et Koenig y placent les bataillons et l’artillerie. Le colonel Masson chef d’état-major de Koenig fait aussitôt prendre les quartiers de responsabilité : le bataillon BM2 s’installe au nord-ouest, le bataillon du Pacifique (BP) et le bataillon d’Infanterie de Marine (BIM) au sud-ouest, les bataillons de la Légion Étrangère, le (2e BLE) à l’est et le (3e BLE) en réserve, au centre.
Chaque commandant de bataillon prend alors en charge 440 hectares environ où il distribue ses 3 compagnies de combat.
L’état-major de Larminat a deux préoccupations immédiates : Construire un bastion inexpugnable et organiser sa logistique en soutien. Tout d’abord, occuper l’entier terrain pour riposter « tous azimuts » et interdire les infiltrations ennemies, se mettre à l’abri des attaques de blindés et se protéger de la Luftwaffe ; ensuite mettre à couvert à une trentaine de kilomètres vers l’Est, au lieu-dit Bir Bou Mafes, les véhicules de transports des bataillons et leurs ateliers. Les nombreux allers-retours de la 101e compagnie du Train fourniront les matériaux indispensables à la construction de la place forte. L’ensemble des moyens regroupe 600 véhicules ; la position éloignée est baptisée « Échelons B », elle est défendue par la 22e compagnie nord-africaine (22e CNA).


La 101e commandée par le capitaine Dulau, étoffée à 350 hommes se met aussitôt en branle, une noria s’établit sur la piste Tobrouk-El Adem-Bir Hakeim. Les 100 chauffeurs dotés de nouveaux camions Chevrolet qui ont remplacé les vieux Dodge si utiles au Levant, transportent à qui mieux mieux, des milliers de tonnes de matériels (mines, poteaux de mines et fil de fer ronce…), des munitions et de l’essence prélevées à El Adem sur l’unique centre de ravitaillement anglais en Libye et déchargées à Bir-Hakeim où nul ne chôme pour transformer le sol ingrat.

Pour remplir les 10 camions citernes à eau, il faut aller à Tobrouk, jusqu’au puits, unique point d’eau central, surveillé par la police militaire britannique à l’oeil sourcilleux, tant la délivrance de cette denrée précieuse est contrôlée : 5 litres par jour selon le débit, par homme et par véhicule. Les compléments aux citernes, pour faire le compte rond, se fait par emballages unitaires de 20 litres.
Les trajets sont sécurisés par les camionnettes de combat qui veillent au grain, armées pour la riposte aux blindés et la défense anti-aérienne. Au gré des voyages les pièces de rechange qui manquent cruellement sont récupérées sur les épaves rencontrées de combats précédents.

Le command car de Rommel
La carte de Marmarique